mardi 12 février 2008

Le congo précolonial: l'empire KONGO


Avant l'arrivée des Européens, l'Empire Kongo était un État très développé, avec un large réseau commercial. À part les ressources naturelles et l'ivoire, le pays fondait et commerçait le cuivre, l'or, les vêtements de raffia, et la poterie, disposait d'une monnaie et de finances publiques.

Mais surtout, il pratiquait l'agriculture, la chasse et l'élevage. Il était comme les autres peuples d'Afrique noire organisé sous forme de castes.

Au cours de ses voyages le long de la côte africaine dans les années 1480, le navigateur portugais Diogo Cão fut le premier à évoquer un grand empire qui contrôlait le commerce dans la région. Cao remonta le fleuve Nzadi ou Zaire qui était selon lui la voie d’accès vers le royaume du prêtre Jean. En 1483, il rendit visite à Ntinu Nzinga Nkuwu dans sa capitale, Mbanza Kongo. Le royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la production d’igname et d’échange de houe et d’arme contre de l’ivoire avec les populations de l’intérieur de l’Angola. Il persuada difficilement le roi d'ouvrir le pays aux Portugais. Les six États de l'Empire étaient Soyo, Mpangu, Mpemba, MBata, Mbamba et Nsundi. Le dernier fut le premier à tomber sous le protectorat portugais. Cão crut alors la voie libre pour se procurer des esclaves et le tenta. Cependant, Nzinga Nkuwu était décidé à ne pas faire de son royaume un lieu de traite.

Des missionnaires catholiques arrivèrent dans la région en 1490, l'années suivante, Nzinga Nkuwu fut baptisé et prit le nom de Ndo Nzuawu. A la demande du roi du Portugal, Ignace de Loyola envoya quelques jésuites au Royaume du Grand Congo en 1548. Ils furent bien reçus et ouvrirent une école (fondée par le roi) qui eut rapidement 600 élèves. Très vite leur situation devint difficile à cause de l'attitude colonialiste du Portugal, du caractère capricieux du roi et du comportement scandaleux de certains prêtres 'marchands' portugais. Sous Nzinga Nkuwu les relations avec le Portugal se refroidirent et ne s'améliorèrent guère jusqu'à sa mort. En 1555 tous les blancs étaient chassés du Congo. La situation eut été plus grave encore n'eut été la mort de son fils, Mpanzu a Nzinga, qui était lui contre toute forme de relations avec le Portugal.

Son frère, Mvemba Nzinga fut baptisé au catholicisme et prit le nom d'Afonso (Ndo Funsu).

Mvemba Nzinga, qui avait été largement influencé dès son enfance par "l'encadrement missionnaire", devint roi à la suite de l'assassinat de son frère (par un soldat portugais).

Mvemba Nzinga envoya son fils Lukeni Lua Nzinga au Portugal qui devint plus tard le premier évêque africain de l'histoire de l'Église catholique. La capitale fut renommée São Salvador (Saint-Sauveur).

Dans les décennies qui suivirent, l'Empire Kongo tomba dans la spirale du commerce d'esclaves planifiée par les commerçants du Portugal et d'autres pays européens. Les conséquences commençaient à se faire sentir pour l'Empire, et en 1526, le Manikongo écrivit au roi Jean III de Portugal, lui demandant de mettre fin à cette pratique. Sa requête reçut une réponse cynique et les relations entre les deux pays s'envenimèrent. Fortement affaibli par la dépopulation et victime des incursions des États voisins sous impulsion portugaise et néerlandaise ensuite, l'Empire Kongo se trouva sur le déclin. Les Portugais profitèrent de la situation pour augmenter leur prélèvement d'esclaves dans la région. Sous la pression coloniale croissante, l'Empire avait déjà perdu son indépendance au XVIIe siècle, puisque les Portugais, puis les Anglais (suivis par les Britanniques) étaient maintenant ceux qui intronisaient les rois, en remplacement du vote populaire.

Le royaume se disloqua, chaque province sous tutelle portugaise, britannique ou libre devenant indépendante.

Au cours de la bataille d'Ambuila en 1665, les forces portugaises en provenance de l'actuelle Angola, c'est-à-dire des zones conquises, accompagnées des troupes soumises furent en mesure de vaincre les forces du roi Antoine Ier du Kongo (Nvita a Nkanga). Antoine fut tué avec beaucoup de ses lieutenants, ainsi que l'auteur luso-africain Manuel Roboredo, qui avait essayé d'empêcher cette dernière bataille.

Cependant, l'État Kongo continua d'exister, ou tout au moins formellement, durant deux siècles, jusqu'à ce que sa division soit décidée entre le Portugal, la Belgique (en fait Léopold II de Belgique), et la France par la Conférence de Berlin en 1884-1885. . Cependant, les densités de populations de l'époque, qui étaient de 35 hab/km2 chutèrent dramatiquement à 5 hab/km2 au début du XIXe siècle. La traite avait fait son œuvre de dépeuplement sanglant et le colonialisme venait à grand pas saigner encore le peuple Kongo comme les autres peuples de la région.

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